De DSK à la crise économique, le continuum des violences masculines et néolibérales contre les femmes.
Aujourd’hui, les femmes des Nords et des Suds sont entrées massivement
sur le marché du travail mondialisé. Alors même que les institutions
internationales, les multinationales et les gouvernements s’appuient sur
leur force de travail pour faire d’elles un pilier du néolibéralisme, un
certain discours sur l’égalité des sexes et le développement est
mobilisé pour les engager à participer à la croissance économique et
ainsi s’émanciper.
Pourtant, les inégalités perdurent et se renforcent dans ce processus
économique. Souvent confinées dans des emplois subalternes et
surexploitées, les femmes permettent par leur travail de dégager de
nouveaux profits mais sont précarisées et les premières touchées par les
effets de la mondialisation néolibérale. Par ailleurs, le néolibéralisme
résiste aux mouvements d’émancipation féminins en luttant contre les
organisations de femmes, comme Jules Falquet l’a montré dans ses travaux
sur le féminisme latino-américain, dans le mouvement zapatiste par exemple.
Le scandale DSK à New York, les féminicides non élucidés au Mexique, les
viols impunis en Inde, ces violences faites à des femmes qui ont souvent
en commun d’être du Sud et pauvres font aussi apparaître des continuités
profondes entre des comportements de pouvoir et de domination, voire de
prédation, et une volonté de contrôle, par la terreur parfois, sur cette
classe sociale et sexuelle émergente de femmes devenues autonomes par
leur travail, et menaçantes pour l’ordre dominant établi. Celui-ci, loin
des discours encourageant l’émancipation des individu-e-s par le biais
de la mondialisation, réagit au mieux par l’indifférence et l’inaction
face aux violences subies, au pire par leur cautionnement.
Cette hostilité de fait aux femmes et à leurs mouvements est-elle
révélatrice d’un pouvoir dominant « masculin » ? Et, plus largement,
d’une contradiction inhérente aux systèmes libéraux à économie de marché
qui, promettant l’émancipation, produisent l’aliénation ?
Spécialiste des luttes des femmes d’Amérique latine et des Caraïbes,
Jules Falquet, chercheure en sociologie et maîtresse de conférence à
Paris 7-Denis Diderot, présentera une analyse féministe du rôle réservé
aux femmes, en particulier aux femmes du Sud, dans la mondialisation
néolibérale et de leur instrumentalisation. C’est dans ce cadre qu’elle
étudiera les liens profonds entre violences économiques et violences
sexuelles.
Centre Théodore Monod, 20h00 (carte de localisation
ici).
A lire
1- « L’Etat néolibéral et les femmes – le cas du « bon élève » mexicain
», Jules Falquet, in
Le sexe de la mondialisation – Genre, classe,
race et nouvelle division du travail, Sciences Po Les Presses, 2010.
2-
De gré ou de force, les femmes dans la mondialisation, Jules
Falquet, La Dispute, 2008.