vendredi 22 février 2013

Rencontre 20 - jeudi 28 mars

De DSK à la crise économique, le continuum des violences masculines et néolibérales contre les femmes.


Aujourd’hui, les femmes des Nords et des Suds sont entrées massivement sur le marché du travail mondialisé. Alors même que les institutions internationales, les multinationales et les gouvernements s’appuient sur leur force de travail pour faire d’elles un pilier du néolibéralisme, un certain discours sur l’égalité des sexes et le développement est mobilisé pour les engager à participer à la croissance économique et ainsi s’émanciper.

Pourtant, les inégalités perdurent et se renforcent dans ce processus économique. Souvent confinées dans des emplois subalternes et surexploitées, les femmes permettent par leur travail de dégager de nouveaux profits mais sont précarisées et les premières touchées par les effets de la mondialisation néolibérale. Par ailleurs, le néolibéralisme résiste aux mouvements d’émancipation féminins en luttant contre les organisations de femmes, comme Jules Falquet l’a montré dans ses travaux sur le féminisme latino-américain, dans le mouvement zapatiste par exemple.

Le scandale DSK à New York, les féminicides non élucidés au Mexique, les viols impunis en Inde, ces violences faites à des femmes qui ont souvent en commun d’être du Sud et pauvres font aussi apparaître des continuités profondes entre des comportements de pouvoir et de domination, voire de prédation, et une volonté de contrôle, par la terreur parfois, sur cette classe sociale et sexuelle émergente de femmes devenues autonomes par leur travail, et menaçantes pour l’ordre dominant établi. Celui-ci, loin des discours encourageant l’émancipation des individu-e-s par le biais de la mondialisation, réagit au mieux par l’indifférence et l’inaction face aux violences subies, au pire par leur cautionnement.

Cette hostilité de fait aux femmes et à leurs mouvements est-elle révélatrice d’un pouvoir dominant « masculin » ? Et, plus largement, d’une contradiction inhérente aux systèmes libéraux à économie de marché qui, promettant l’émancipation, produisent l’aliénation ?

Spécialiste des luttes des femmes d’Amérique latine et des Caraïbes, Jules Falquet, chercheure en sociologie et maîtresse de conférence à Paris 7-Denis Diderot, présentera une analyse féministe du rôle réservé aux femmes, en particulier aux femmes du Sud, dans la mondialisation néolibérale et de leur instrumentalisation. C’est dans ce cadre qu’elle étudiera les liens profonds entre violences économiques et violences sexuelles.


Centre Théodore Monod, 20h00 (carte de localisation ici).


A lire

1- « L’Etat néolibéral et les femmes – le cas du « bon élève » mexicain », Jules Falquet, in Le sexe de la mondialisation – Genre, classe, race et nouvelle division du travail, Sciences Po Les Presses, 2010.

2- De gré ou de force, les femmes dans la mondialisation, Jules Falquet, La Dispute, 2008.